Port des Barques

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vendredi 15 décembre 2017

Guy Goffette, un jour un poème




         Le noyer d'hiver

         Mais il y a tant à faire et déjà le voisin
         scie la forêt par cœur. Au pré les vaches boivent
         le lait du ciel et les moineaux soignent le vent.

         Il y a tant à faire et tout va se défait.
         Le fil bleu de ta vie, dans quelle cuisine d'ombres
         l'as-tu laissé se perdre, lui qui te menait doux

         comme ces mots sans voix à l'envers des poèmes ;
         ou si c'est une femme là-bas derrière la mer
         qui le porte à son doigt, et chacun de ses gestes

         – elle pose le café sur la table deux tasses
         puis s'arrête, car elle est seule aussi – et chacun
         de ses gestes rejoint ton front contre la vitre

         qui regarde la mer monter à l'horizon
         où il n'y a rien d'autre qu'un vieux noyer d'hiver
         et qui étreint du bleu, et qui étreint du bleu.

         in Le pêcheur d'eau, Gallimard, 1995, p.46

Tous les jours sont bons à lire un poème sous le motif qu'on confonde les jours ou que le ciel soit trop bas ou que le temps passe trop vite...
Ces jours-là, je reviens toujours à l'un de mes auteurs préférés et à ce que j'écrivais de lui, faites-en autant !

http://lintula94.blogspot.fr/2016/07/guy-goffette-entre-lencre-et-les-etoiles.html

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